dimanche 22 juin 2025
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Test complet de MindsEye : un thriller cyberpunk prometteur mais inachevé

Après des mois d’attente marqués par des fuites de gameplay et une communication confuse, MindsEye, le premier jeu de Build A Rocket Boy sous la direction de Leslie Benzies (ancien de Rockstar), est enfin sorti. Ce thriller d’action-aventure cyberpunk promettait une narration immersive, des combats dynamiques et des outils de création communautaire. Ayant exploré Redrock City pendant une quinzaine d’heures dans la peau de Jacob Diaz, voici mon ressenti sincère sur ce titre ambitieux mais imparfait.

Une histoire captivante au départ, mais sans éclat final

MindsEye nous transporte dans Redrock City, une métropole futuriste dominée par des mégacorporations et une intelligence artificielle omniprésente. Vous incarnez Jacob Diaz, un ancien soldat amnésique doté d’un implant neural mystérieux appelé MindsEye, qui le tourmente avec des souvenirs fragmentés. L’intrigue démarre fort avec une mission sous couverture qui tourne mal, plongeant le joueur dans un thriller paranoïaque évoquant Blade Runner ou Deus Ex.

Les premières heures captivent grâce à des cinématiques soignées et un doublage convaincant, porté par la performance d’Alex Hernandez (Mafia III), qui confère une certaine gravité à Jacob. Cependant, le scénario s’essouffle au fil des 10 à 12 heures de la campagne principale. Les thèmes abordés, comme la surveillance ou le transhumanisme, sont pertinents mais traités de façon trop classique.

Les rebondissements manquent de surprise, et les personnages secondaires peinent à marquer les esprits. Malgré quelques choix narratifs, leur impact sur l’histoire reste limité, ce qui peut décevoir les amateurs de RPG. En résumé, l’histoire divertit sans laisser une empreinte durable.

Un gameplay fonctionnel mais daté

MindsEye se présente comme un jeu d’action-aventure à la troisième personne, mêlant combats, infiltration, conduite et phases narratives. Sur le papier, la formule séduit, surtout avec l’héritage de Leslie Benzies. En pratique, l’expérience oscille entre nostalgie et frustration, rappelant les jeux de l’ère PS3/Xbox 360.

Les combats à l’arme à feu fonctionnent mais manquent de dynamisme. Le système de couverture semble rigide, avec des animations parfois maladroites lors des transitions. Les armes, bien que variées (pistolets, fusils futuristes, drones), manquent d’impact, et l’intelligence artificielle ennemie alterne entre comportements imprudents et passivité.

Le drone DC2, compagnon de Jacob, ajoute une dimension tactique via des options de piratage ou de repérage, mais son utilisation reste sous-exploitée. Les phases d’infiltration se révèlent anecdotiques, avec une vision limitée des ennemis et des options de neutralisation trop simples.

En revanche, les séquences de conduite, notamment les poursuites en voiture ou en buggy, offrent des moments de tension réussis grâce à une sensation de vitesse correcte et des environnements destructibles. Toutefois, la physique des véhicules est inconstante, et la caméra peut gêner dans l’action.

L’exploration déçoit également : Redrock City n’est pas un véritable monde ouvert, mais un espace semi-ouvert divisé en zones pour les missions. Les activités secondaires, comme les courses ou les contrats d’élimination, se montrent répétitives.

Enfin, le Game Creation System (Build.MindsEye) permet de créer et partager des missions ou mini-jeux, mais il manque encore de profondeur pour rivaliser avec des éditeurs comme celui de Far Cry. Le gameplay plaira aux amateurs de jeux d’action linéaires à l’ancienne, mais il souffre d’un manque d’innovation face aux standards actuels

Une technique décevante à la sortie

Sur le plan technique, MindsEye accumule les failles, au point de compromettre l’immersion. Testé sur PS5 et sur un PC haut de gamme (RTX 3080, 32 Go de RAM), le jeu souffre de problèmes majeurs.

Sur PS5, il tourne à 30 FPS avec des chutes fréquentes à 15-20 FPS dans les zones ouvertes ou les scènes d’action, sans proposer de mode 60 FPS, ce qui est difficile à justifier en 2025. Sur PC, les performances s’améliorent légèrement (40-50 FPS en ultra), mais l’optimisation reste insuffisante.

Un patch sorti le jour du lancement à 19h a corrigé quelques instabilités, mais les bugs persistent : textures qui apparaissent tardivement, collisions absurdes (voitures qui s’envolent, personnages traversant les murs), scripts défaillants, voire crashs occasionnels. Lors d’une mission, mon personnage s’est retrouvé coincé dans le décor, m’obligeant à relancer le jeu.

Visuellement, Redrock City impressionne par ses panoramas et ses jeux de lumière nocturnes, mais les textures de près sont souvent floues, les modèles de personnages secondaires paraissent génériques, et l’aliasing est omniprésent. Les cinématiques, en revanche, se distinguent par des expressions faciales réussies.

Côté audio, la bande-son déçoit : les musiques, censées renforcer l’ambiance cyberpunk, manquent de cohérence (une piste de western en pleine mission d’infiltration !), et les effets sonores, comme les tirs ou explosions, manquent de punch. Le mixage audio déséquilibré noie parfois les dialogues, bien que le doublage reste un point fort. Ces lacunes techniques, pour un jeu vendu à 59,99 €, rendent l’expérience difficile à défendre.

Une ambiance cyberpunk séduisante mais générique

Redrock City constitue le cœur de l’expérience, avec son esthétique cyberpunk faite de néons, gratte-ciels et drones volants. L’ambiance de thriller paranoïaque, renforcée par des flashbacks et hallucinations liés à l’implant de Jacob, fonctionne dans les moments clés.

Cependant, la direction artistique manque d’originalité, évoquant trop fortement Cyberpunk 2077 ou Watch Dogs sans imposer une identité propre. Les PNJ, peu variés, donnent à la ville un aspect statique, loin de la vitalité d’un Night City.

Les thématiques de l’intelligence artificielle, de la surveillance ou du transhumanisme sont abordées sans audace ni subversion, laissant une impression d’univers sous-exploité.

Un contenu post-lancement incertain

Build A Rocket Boy promet un suivi à long terme, avec des missions gratuites prévues dès l’été 2025, un mode multijoueur en 2026 et des DLC payants (skins, missions bonus). Cette ambition d’un jeu évolutif est séduisante, mais sa réussite dépendra de la capacité du studio à fidéliser une communauté.

Avec un lancement chaotique et des critiques mitigées, cet objectif semble compromis, d’autant que des départs récents de cadres clés (directeur juridique et financier) soulèvent des doutes sur la stabilité du projet. Le Game Creation System pourrait devenir un atout si les joueurs s’en emparent, mais cela nécessitera un soutien constant du studio, ce qui reste incertain.

Points forts

  • Une histoire engageante dans ses premières heures
  • Des cinématiques soignées avec un doublage convaincant
  • Un potentiel intéressant pour le Game Creation System

Points faibles

  • Une technique défaillante avec des bugs et des problèmes de performance
  • Un gameplay daté et peu innovant
  • Une direction artistique manquant d’originalité
  • Un prix élevé par rapport à la qualité proposée

Conseil aux joueurs : Attendez quelques mois pour un patch correctif ou une baisse de prix. Si vous êtes curieux, surveillez les retours sur le mode multijoueur prévu pour 2026. MindsEye est un projet ambitieux, mais il demande encore du travail pour briller.

Verdict : 5,5/10

MindsEye n’est pas l’échec redouté par certains, mais il ne répond pas aux attentes placées en lui. L’histoire, malgré un démarrage prometteur, manque de profondeur pour marquer durablement. Le gameplay, fonctionnel, souffre d’un manque d’innovation et d’une exécution datée.

Les problèmes techniques plombent l’expérience, rendant le prix de 59,99 € difficile à justifier face à des concurrents comme Cyberpunk 2077 ou Starfield. Avec des mises à jour conséquentes, notamment pour corriger les bugs et enrichir le Game Creation System, le jeu pourrait gagner en intérêt.

Pour l’instant, il s’adresse principalement aux fans de cyberpunk tolérants envers ses défauts, idéalement à un prix réduit.

Actuellement en Direct sur le jeu

ShadowGunner, de son vrai nom Théo Lemoine, est un rédacteur aguerri de 30 ans qui a rejoint l’équipe de GamersLive.fr en 2024. Passionné par les jeux d’action et d’infiltration, il a forgé son pseudo en hommage à ses longues nuits passées sur Metal Gear…

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