Cela fait maintenant dix ans que Alice a mis les pieds pour la première fois au pays de la folie. Disponible depuis le 15 décembre 2000 en Europe, le premier volet des aventures de la jeune femme au pays des merveilles version cauchemardesque plu autant à la presse qu’aux joueurs. Au rang des points forts, son univers particulièrement travaillé et sa réalisation. Dommage que le reste soit passée à la trappe, le jeu possédant un gameplay plutôt approximatif. Celui-ci lorgne d’ailleurs du côté de Lara Croft sans jamais réussir à l’égaler. American McGee’s Alice est le fruit du studio Rogue Entertainment et du développeur American McGee. C’est seulement aujourd’hui en 2011 que sa suite débarque. Développé par Spicy Horse, également créateur de la série des American McGee’s Grim sur PC, le titre torture un peu plus l’univers original de Lewis Caroll. Le lapin nous montre le chemin, suivons-le.

Retour au pays de la folie
Fin du XIXème siècle, Alice est l’unique survivante de l’incendie de sa maison familiale. Un terrible événement qui la fit sombrer dans la folie et l’emmena à l’asile psychiatrique. Dix-huit ans après les faits, la jeune Alice commence petit à petit à reprendre conscience. Le Pays des Merveilles fut l’occasion pour elle de s’en sortir, enfin du moins ce qu’il restait de ce monde. Aujourd’hui, la jeune femme est en meilleur état, son esprit est plus stable. Seulement une chose l’empêche d’avancer dans la vie : l’incendie. Des questions tournent dans son esprit, il lui faut des réponses. Qui est à l’origine du feu responsable de la mort de ses parents ? C’est avec cette question que Alice replonge dans le Pays de la Folie. La réalité se mêle au rêve, les deux ne font plus qu’un : Alice alors dans les sombres rues de Londres plonge dans un cauchemar. Est-ce une hallucination ? La réponse dans le jeu. Une fois encore, la protagoniste du titre nous plonge au plus profond de son imagination torturée pour découvrir la vérité. Un peu comme un puzzle, il nous faut assembler les pièces. L’occasion pour nous de retrouver le chapelier fou, le mythique lapin blanc ou encore le chat du cheshire plus rachitique que jamais. Si le postulat de base est intéressant, on regrettera tout de même le manque de cohérence du titre. Il est difficile de s’y retrouver, les choses s’enchaînent sans que l’on nous explique quoi que ce soit. C’est excusable puisque Alice plonge dans la folie, mais pour nous autres joueurs avides de savoir, cela reste gênant. Heureusement, l’ambiance et l’univers sauvent très largement le titre.

Un univers bien dangereux
Le pays des merveilles n’est plus ce qu’il était. Il est donc sage de s’armer pour progresser dans ce monde dérangé. Tout comme dans le premier volet, Alice peut combattre ses ennemis avec un couteau de cuisine bien tranchant. C’est l’arme par excellence pour éliminer les démons au corps à corps. Des têtes tombent avec, mais pas que puisque Alice a plus d’un tour dans son sac : vous aurez également l’occasion de faire la connaissance d’une sorte de mini sulfateuse qui tire non pas des balles, mais du poivre. Autre arme intéressante, le chapeau qui fait apparaître des lapins explosifs. Des nouveaux moyens de venir à bout des adversaires plutôt sympathiques. D’ailleurs lors de votre périple vous aurez l’occasion de ramasser sur votre chemin des dents qui vous permettront par la suite d’améliorer votre arsenal. Histoire de rendre la lame de votre couteau plus coupant que jamais par exemple. Une fois en phase de combat, Alice peut aussi bien attaquer qu’esquiver les coups. Cela rend les combats plus nerveux et dynamique. Un système de ciblage est présent afin de simplifier les attaques à distance, mais aussi au corps à corps. Si l’ennemi prépare une attaque puissante, Alice peut se téléporter en ce transformant en un nuage de papillons bleus. En dehors des scènes d’action, Retour au Pays de la Folie propose également des phases d’explorations. Vous devrez ainsi utiliser sa capacité à pouvoir sauter plusieurs fois et planer avec sa jupe pour atteindre des lieux lointains. La jeune femme peut également rétrécir afin d’accéder à certains endroits. Si le jeu est un linéaire dans sa forme, reste que le monde regorge de cachettes et de secrets. Il faut être attentif au pays des merveilles pour ne pas passer à côté de certains éléments. Cependant, ce n’est pas toujours facile puisque la caméra ne se montre pas très coopérative et peut même s’avérer être un cauchemar pour le joueur. Contrairement au scénario et ses incohérences, la caméra elle n’est pas excusable. Finalement certains problèmes visibles sur le premier volet d’Alice sont présents dans ce second volet. Dix ans plus tard, ça le fait pas vraiment. Lorsque je parlais de linéarité plus tôt, sachez que les développeurs ont quand même eu la brillante idée de varier le gameplay en ajoutant des phases innovantes comme des passages en 2D ou encore un petit shoot’em up. Rafraîchissant.

Techniquement contradictoire
Difficile de juger la technique de ce Retour au Pays de la Folie tant elle est contradictoire. D’un côté, le titre bénéficie d’une direction artistique hors du commun, mais souffre de l’autre d’une réalisation datée. Certaines textures sont plus qu’approximatives, le jeu freeze de temps en temps et dans l’ensemble il semble déjà un peu daté. Malgré ça, l’ambiance que dégage l’univers suffit amplement à effacer ces quelques problèmes. En fait, on excuse beaucoup de chose à Alice tellement l’ambiance est bluffante. Cela faisait si longtemps qu’un titre ne nous avait pas proposé quelque chose d’aussi personnel. Musicalement, c’est du tout bon. Le doublage est passable quoi qu’un peu plat et les musiques collent bien au cauchemar d’Alice. Le tout est véritablement envoûtant.
Conclusion : 8/10
Alice : Retour au Pays de la Folie est une véritable brise d’air à condition de plonger dans le sombre et macabre univers qu’il nous proposer de visiter. Avec son ambiance malsaine et son gameplay plutôt dynamique, le titre de Spicy Horse s’avère être une réussite. Pourtant, d’emblée on aurait pu penser le contraire puisque le titre n’est vraiment pas exempt de défaut : graphiquement un peu vieillot, il possède un scénario parfois peu cohérent et une caméra capricieuse par moment. Aucune raison de ne pas succomber au plaisir de découvrir le cauchemar d’Alice, surtout lorsque le premier volet est offert avec le titre. Une bonne surprise.