« La chute de Camelot et la mort de notre roi ont découragé notre peuple plus que la vue de nos ennemis. C’est à nous … bla bla bla … d’empêcher le royaume de sombrer … bla bla bla ». Je vous épargne la litanie de contextualisations parfaitement génériques et sans grande saveur. Vous saurez bien assez tôt quand il faudra cliquer pour zapper le déballage de l’histoire. Enfin, moi je dis ça, j’en connais qui aiment revoir encore et toujours le même film. C’est une lubie comme une autre. Bon … j’avoue : je suis méchant. Mais tout de même. Dark Side ou l’autre, le choix sera cruel (ou pas).
Citadels, les joueurs. Les joueurs, Citadels
Comme pour un speed-dating, Citadels ne présente pas trop mal. Tout semble y être pour un divertissement qui, à défaut de sortir des chaussées gardées et de recourir à la moindre originalité, s’annonce immédiatement agréable. Zoom, rotation, bâtiments, péons, archers et épéistes, on est en terrain connu. Mairie à protéger, maisons pour vos citoyens, différentes bâtisses pour les ressources (bois, pierre, minerai, blé), le business plan semble ok. Il vous a attiré dans ses filets et vous pensiez déjà que vous alliez passer un bon moment. Peut-être même un long moment. Tromperie ! Vous n’avez pas attendu le test ? Vous vous êtes jeté dessus pour ses belles tourelles et ses archers bien montés ? Vous avez claqué les 40 € qui restaient secrètement de votre prime de Noël sans prendre garde que très vite il vous trahirait ? Je ne peux malheureusement pas revenir en arrière. Pour les autres, il est encore temps de ne pas l’acheter.

Remarques liminaires
Puisqu’à coucher à droite à gauche sans protection, autant se départir de quelques informations de type essentiel. Pour commencer, cette étrange façon qu’a le monde de Citadels à clignoter qui pousse à de subtiles nausées 5 ans d’âge. Et pour poursuivre sur ce sentiment de trouble qui imprègne les graphismes (sans toutefois gâcher complètement l’expérience). Enfin cette sensation que quoi que vous fassiez l’Intelligence Artificielle risque de faire quelque chose d’idiot. De sorte que le pathfinding mériterait d’être revu par un patch qui aurait peut-être comme conclusion de faire passer Citadels 1.0 à Citadels 2.0. Je sens pourtant que la flamme de la passion habite les gens de Games Distillery, par ailleurs développeurs d’un Aqua discret mais applaudi. J’aimerai leur envoyer des missives d’amour. En fait j’ai envie d’aimer tout le monde. Mais je ne peux pas …

Pas que de mauvaises idées
Au rayon des idées sympas, une possibilité qui nous renvoie à nos premières heures sur Warcraft II : le rappel des péons. Ce qui s’avère bien pratique pour démêler l’embrouillamini de vos troupes indisciplinées. Il suffit de taper la touche Y et vos hommes de boue s’empresseront de se rendre au point de ralliement (que vous parfaitement modifier au gré de votre humeur). De même, en tapotant la touche T, vous sélectionnez automatiquement le gras des troupes qui fait la sieste à l’ombre d’une tourelle. Et … euh … les remparts ? Longs et fastidieux à ériger, ceux-ci ne vous protègeront qu’en huis-clos. Indeed, l’adversaire, à la force de son pathfinding foireux, réussira à les contourner comme si elles n’avaient jamais existé. Et poster des archers sur son faite ne sera pas toujours de grand secours. En revanche, le marché peut s’avérer d’une utilité considérable. Vous y échangerez matières premières et produits manufacturés contre de l’or et vice-versa. Pour ma part je n’ai eu besoin d’y recourir que pour satisfaire ma curiosité.

Faillite
Mais le plus dramatique avec Citadels, et vous pouvez hurler à la lune, c’est son absence de mode multijoueur. Non mais allô, un STR sans multijoueurs … [complètez]. Je tiens également à souligner le fardeau que ce fut pour moi de jouer à un jeu qui plante systématiquement lorsque je tente de charger une sauvegarde (ce qui a rendu l’expérience particulièrement poussive). Dois-je évoquer les unités qui partent vers de mystérieuses contrées ? Ces bûcherons aliénés qui vont chercher du bois en dehors de la map ? La difficulté récurrente à relier les murailles ? Les unités qui se déplacent toutes à la même vitesse ? Le pixel non couvert par vos murailles au bord de l’eau que l’ennemi se ravit de contourner ? La mini-map qui n’affiche rien de la position de l’adversaire ? Je me préserve d’en faire une litanie exhaustive.
Conclusion : 3/10
C’est bien dommage. Après des années d’affinage, le STR était devenu un genre honorable et plébiscité. Il n’était que de prendre exemple sur les plus grands, de mouliner le tout d’une touche d’originalité et de faire sa cuisine avec inclination. Bon, ben c’est raté. Et c’est trop cher (40 €). Passez votre chemin et lorgnez plutôt du côté de Planetary Annihilation. Qui s’annonce yummy mais qu’il faudra inspecter en bonne et due forme. Ce qui veut dire : à défaut d’être un gamer fortuné, ne vous jetez pas sur la version alpha à 80 €.