Un conte mignon mais simpliste
Dans Croc: Legend of the Gobbos, vous incarnez Croc, un jeune crocodile découvert bébé par les Gobbos, de petites créatures poilues vivant dans la vallée de Gobbo. Élevé comme l’un des leurs, Croc mène une vie paisible jusqu’à ce que le Baron Dante et ses sbires, les Dantinis, kidnappent les Gobbos et emprisonnent leur roi, Rufus. Armé de son sac à dos et de son courage, Croc part libérer ses amis à travers cinq mondes : forêts, glaciers, déserts, châteaux et une île secrète.
Le scénario, typique des platformers des années 90, est charmant mais minimaliste. Les cinématiques remaniées du remaster posent le contexte sans s’étendre, et l’univers cartoon, avec ses Gobbos aux grands yeux et ses ennemis farfelus (comme une coccinelle boxeuse), dégage une innocence attachante. Cependant, l’histoire manque de profondeur pour captiver au-delà de la nostalgie. Les dialogues, portés par la voix de Jonathan Aris (conservée depuis 1997), sont adorables mais anecdotiques. Si cet aspect ne nuit pas au plaisir de jouer, un effort narratif aurait pu séduire un public plus large, notamment les nouveaux joueurs.
Un platformer classique modernisé
Croc: Legend of the Gobbos est un jeu de plates-formes 3D où Croc parcourt 45 niveaux répartis sur cinq mondes, chacun comprenant six niveaux principaux, deux boss et des zones bonus. L’objectif est de collecter six Gobbos par niveau, souvent enfermés dans des cages ouvertes avec des clés argentées, tout en ramassant des cristaux (100 = 1 vie) et cinq cristaux colorés (rouge, vert, bleu, jaune, rose) pour accéder au dernier Gobbo. Les niveaux bonus, déblocables en sauvant tous les Gobbos, mènent à une île secrète avec un boss final, récompensant les complétionnistes.
Le gameplay repose sur un moveset simple : Croc saute, frappe avec sa queue, effectue un « butt stomp » pour briser des caisses et nage dans certaines zones. Les mécaniques, inspirées de Super Mario 64 et Crash Bandicoot, incluent des plates-formes mouvantes, des boutons rouges activant des mécanismes et des défis de précision. Le remaster remplace les tank controls rigides de 1997 par des contrôles modernes et une caméra libre, rendant les sauts et déplacements bien plus fluides. Le demi-tour rapide (bouton « Cercle ») reste un clin d’œil nostalgique, rarement utile.
Cependant, le gameplay trahit son âge. Les niveaux, bien que variés (volcans, grottes sous-marines, forteresses), deviennent répétitifs, avec des objectifs redondants (trouver des Gobbos, éviter des pièges). Les ennemis, comme les Dantinis ou les vers géants, sont trop faciles à vaincre (un coup de queue suffit), et les boss, malgré leur design amusant, manquent de complexité. La caméra, bien qu’améliorée, peut gêner dans les espaces étroits, et certains sauts demandent une précision frustrante, surtout dans les niveaux avancés. L’absence de nouveau contenu (niveaux ou mécaniques) limite l’ambition du remaster, mais la jouabilité modernisée rend l’expérience accessible et plaisante.
Un charme rétro sublimé
Les 45 niveaux offrent une belle diversité d’environnements : forêts luxuriantes, glaciers glissants, déserts arides, châteaux gothiques et une île cristalline secrète. Chaque monde a une identité visuelle forte, sublimée par le remaster, qui propose des graphismes HD avec des textures lissées, des couleurs vives et un éclairage dynamique. Les joueurs peuvent basculer entre les visuels modernes et les polygones rétro de la PS1, un ajout apprécié des nostalgiques. Sur PS5, le jeu tourne en 4K/60 FPS avec des temps de chargement quasi inexistants, offrant une fluidité impeccable.
Le level design, typique des platformers des années 90, mêle exploration et précision. Les niveaux sont linéaires mais regorgent de secrets : caisses cachées, plates-formes invisibles ou passages menant à des Gobbos. Les zones bonus, accessibles en collectant tous les Gobbos, ajoutent du challenge avec des séquences ardues. Cependant, certains niveaux souffrent d’un design simpliste, avec des arrière-plans vides ou des sections trop techniques où la caméra complique les sauts. Malgré ces défauts, le charme cartoon et la variété des mondes capturent l’essence des platformers PS1, portée par des visuels modernisés.
Une madeleine de Proust
La bande-son, composée par Justin Scharvona, est un point fort. Les thèmes, mêlant sonorités électroniques créent une ambiance enjouée et mystérieuse. Chaque monde a son identité sonore : les mélodies légères des forêts contrastent avec les tons inquiétants des châteaux de Dante. Le remaster inclut les mixages originaux et des versions préliminaires via la Crocipedia, un régal pour les fans. Cependant, certaines pistes, répétitives à la longue, manquent de variété, et les moments calmes auraient pu être plus marquants.
Le sound design est tout aussi mémorable. Les cris de Croc, doublés par Jonathan Aris, sont adorables, qu’il s’agisse de ses « Yippee! » en sautant ou de ses grognements en attaquant. Les Gobbos émettent des couinements attendrissants, et les ennemis, comme les Dantinis, ont des bruitages cartoon qui renforcent l’ambiance légère. Les effets, comme le tintement des cristaux ou le « gong » marquant la fin d’un niveau, sont satisfaisants. Seuls quelques sons, comme les explosions des caisses, semblent datés. Le remaster préserve fidèlement cet héritage sonore, renforçant l’immersion nostalgique.
Un challenge généreux
Croc: Legend of the Gobbos offre une aventure conséquente pour un platformer, avec une durée de vie d’environ 10 à 15 heures. Terminer les 45 niveaux en ligne droite prend 8 à 10 heures, mais collecter tous les Gobbos, cristaux colorés et accéder à l’île secrète (avec ses 8 pièces de puzzle) peut pousser la durée vers 15 heures, surtout pour les joueurs cherchant à tout compléter. Les niveaux bonus, déblocables en sauvant tous les Gobbos, offrent des défis de plates-formes corsés, tandis que les boss, bien que simples, ponctuent chaque monde de moments mémorables.
La rejouabilité repose sur la chasse aux collectibles et le défi personnel. Les cristaux (100 pour une vie) et les cœurs (vies supplémentaires) encouragent l’exploration minutieuse, et les niveaux bonus, souvent ardus, incitent à retenter pour atteindre l’île secrète. Cependant, l’absence de modes supplémentaires (comme un contre-la-montre ou un mode difficile) limite l’attrait à long terme. Les nostalgiques apprécieront rejouer pour revivre l’expérience, mais les nouveaux joueurs pourraient trouver la répétitivité des objectifs lassante. La Crocipedia, avec ses artworks, interviews et documents d’archive, ajoute une valeur culturelle, mais elle s’adresse surtout aux fans et aux historiens du jeu vidéo.
76%SCORE
VERDICT
Croc Legend of the Gobbos
Croc: Legend of the Gobbos (remaster 2025) est un retour réussi pour les nostalgiques, mais il reste un classique mineur des années 90. Les graphismes améliorés, les contrôles modernisés et la Crocipedia rendent hommage à l’original tout en le rendant accessible aux nouveaux joueurs. Cependant, le gameplay répétitif, l’absence de contenu inédit et un level design parfois frustrant trahissent l’âge du titre. Comparé à des remasters plus ambitieux comme Crash Bandicoot N. Sane Trilogy ou Spyro Reignited Trilogy, Croc manque d’éclat, mais il ravira les fans de rétro et ceux curieux de redécouvrir un oublié de la PS1. Un voyage dans le temps plaisant, mais pas inoubliable.
Croc: Legend of the Gobbos est disponible sur PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series X/S, Nintendo Switch et PC (GOG) depuis le 2 avril 2025.
Points forts
- Graphismes remastérisés et options rétro-modernes réussies
- Contrôles modernisés, adieu les tank controls
- Bande-son et sound design charmants, pleins de nostalgie
- Crocipedia, un trésor pour les fans et historiens
- Durée de vie généreuse avec des secrets à découvrir
Points faibles
- Gameplay daté, répétitif et sans nouveautés
- Scénario simpliste, sans réelle profondeur
- Caméra parfois problématique dans les niveaux techniques
- Ennemis et boss trop faciles
- Absence de modes ou contenus inédits
