Pour commencer, ça ressemble, ça veut être et c’est du point’n’click comme on en connaît des bazillions, mais en plus moche. Préparez-vous à partir à l’aventure au cœur d’une ville pleine de mystères, de boutiques fashion et même, oui oui, d’un métro. Le studio à l’origine du projet, débarqué de nulle part sur la boîte mail de Julien, c’est trois personnes super-motivées (l’histoire ne dit pas s’il y a des quotas d’employées féminines) qui font tout, du design au code jusqu’au doublage (catastrophique) des voix. Tout ceci en autoproduction. Et rien que pour ça, j’applaudis chaleureusement, y compris des pieds. L’indépendance d’esprit c’est beau et ça fait rêver. Le communiqué de presse nous fait déjà parvenir, du fond d’un garage, quelques éléments sur la forme du projet. On y apprend notamment que le Titan carbure au HTML 5 et qu’il sera, du coup, jouable directement sur navigateur et ce sans aucun téléchargement. Elle est pas belle la vie (tous les soirs 20h10 sur France 3) ? Ca veut aussi dire qu’on pourra y jouer sur FireFox, Chrome et cie, mais aussi sur Android, Mac … linux peut-être ? Et également greffé sur Facebook comme c’est désormais la norme. Youpi !! De plus, et en sus du fait que KazuLife sera entièrement, quoique pas tout à fait, gratuit, on nous bastonne de belles promesses : « loufoque », »décalé », « trash », « varié » … Youpi (again) !! C’est la fête du string ou quoi ?
Mais encore ?
Ça a l’odeur du casual, ça a la forme et la robe du casual, c’est dans l’esprit du … Je ne pourrais pas être plus clair. Or il est temps de rentrer dans le lard chers, et chères, camarades. Et pour ça, un pitch rapidement esquissé vous fera clignoter quelques neurones : ceux du plaisir. Avant d’avoir entamé le jeu proprement dit, j’ai trouvé le billet de promotion assez ambiguë sur un point, à savoir si l’on était déjà une star pour de vrai ou si l’on voulait en devenir une à tout prix. Mais passons. Vous voilà donc parachuté à KazuCity (oui je sais ça crée une redondance, oui je sais vous l’aviez déjà compris …), zone de guerre réputationnelle, pour accomplir votre destin et sauver le m… pardon, je pousse un peu. Non, ici vous allez faire de la bonne quête débile, aux différents croisements d’une ville, ma foi, très cartoon, comme acheter un cigare cubain pour McGarthy qui attend au KazuCafé, à l’autre bout de la ville évidemment, pourrir la vie de Brie pour le compte de Maryline Mansion, vers lequel vous avez été envoyé par Hamidal Lecteur ou … bah pas grand chose ma bonne dame. Tout ça est encore bien vide et moyennement passionnant.

Frites et Coca pour la dame
Régulièrement les PNJ tentent des vannes homérique et invariablement ça tombe à l’eau. A titre d’exemple, et pour étayer très sommairement mon argumentation, j’aimerais pointer d’un doigt vengeur mais pas trop courroucé, cette reprise, texto, de la bien connue annonce pour l’Orangina Rouge : « … parce que!! » Autre chose incertaine, la cible. J’ai de prime abord eu l’intuition que ce jeu, très carton-pâte, s’adressait aux têtes blondes génération facebook. Et puis j’ai commencé à discuter torture avec un goth, prohibition avec un rasta ou de rien avec un geek qui n’avait apparemment pas le temps, tout coincé qu’il était devant la salle d’arcade du bourg. De plus, outre le côté soporifique et ultimement inintéressant de la chose, le jeu n’est pas exempt de bugs. En effet, à moins que je ne sois pas de ce monde, j’ai trouvé assez cocasse de pouvoir marcher impunément sur les appareils de l’hôpital ou de simuler une bataille (solo) de polochon sur le lit de ma chambre-cellule. Ce qui, finalement, n’est pas une faute grave en soi. On s’en accommode fort bien. Détail énervant par contre, cette maudite barre de popularité qui se met à jour quand ça lui chante … Je ne vous ai pas parlé de la barre de popularité ? Mais qu’est-ce que c’est que ça ?? Accrochez-vous, ça va décoiffer ! Au fil du jeu, vous allez glaner quantité de points au travers de non-jeux, de non-dialogues ou de non-énigmes, et à terme ceux-ci vous permettront, comme l’univers est généreux, de débloquer des trophées. Vous pourrez ensuite comparer qui a la plus … importante collection. Un système qui rappelle inévitablement les succès sur Steam mais qui ne m’a pas accroché.
Acheter et vivre … ou mourir
Nous proposerait-on de la gestion que je ne m’en offusquerais point, non jamais. Oui, la barre de santé, somme toute anecdotique (moi-même je ne l’ai repérée qu’au bout de 20 mn de jeu), vous demandera de mobiliser votre porte-monnaie pour acheter de quoi guérir votre foie blessé des suites probables d’une intoxication au kebab ou simplement ne pas mourir de faim. Ca sent le sim-like tout à coup. Tarte au citron, poulet rôti, chocolat, sieste (60 Kazs) … et puis une coupe de cheveux, un ravalement de façade, des meubles pour décorer sa maison. Damn bad motherfucker, serait-ce une simulation de shopping ?

Oh ! Des gens
KazuLife, c’est aussi et d’abord un jeu social, un MMO où l’on va interagir avec le monde, l’univers (Dieu ?). C’est peut-être ce qui le sauvera de la note éliminatoire. De ce côté-là c’est pour l’instant un aride désert ; il est donc difficile de juger cet aspect dans l’immédiat. Et c’est bien dommage puisque, si j’en crois ma perspicacité, les jeux à forte propension sociale sont l’avenir (et le présent) de l’homme … et de la femme aussi un peu. C’est tellement chouette de chasser des amis, à usage unique, affalé sur son siège à roulette, en sirotant un Breizh Cola et en écoutant du Amel Bent. On remarquera l’existence d’une fonction « couple », pas encore dispo, ainsi qu’un projet de club, pas dispo non plus. On pense tout de suite à habbo hotel, délire mystique auquel j’ai (très) peu joué, comme une sorte de déjà-vu. Ce qui n’est pas nécessairement une tare.

Maintenant il va falloir ramener du pognon
Le business-model est tout de suite très clair : pubs et micro-transactions. Au niveau publicitaire proprement dit, on a d’abord le droit, le privilège, l’extase de se farcir des gros bandeaux bien lourds (qu’on ne peut pas toujours fermer, même après avoir vaillamment cliqué dessus) qui apparaissent au milieu d’un dialogue épique ou le carré publicitaire inattendu, qui surgit brutalement, avec babe fournie, pour nous inviter à surfer sur un site de Cam. Youpi !! (again and again) Ensuite, et ce n’est pas sans rappeler des sites comme bananalotto (décidément ce jeu nous en rappelle beaucoup d’autres), on nous propose quantité de souscriptions à moult inutilités (je vous en épargne la liste), des achats sur sites tiers ou des jeux payants chez des affiliés. Tout ça pour amasser des Kaz, la monnaie officielle de KazuCity, et progresser dans ce qui a l’odeur, déjà, d’un pay-to-win. Mais peut-on réellement gagner ? Le chemin n’est-il pas le but ?
Pour conclure 2/10
C’est gênant, en prenant les commandes de KazuLife, je m’attendais à une sympathique fusion de Habbo Hotel et des Sims au rythme tranquille et c’est la joie au cœur que je me suis lancé dans ce qui avait l’air, de toute façon dès le départ, d’un casual game muy casual. Je m’apprêtais à être courtois avec la bande de développeurs et, sans en faire un éloge immodéré, les motiver pour que leur prochain jeu soit caliente. Et c’est raté, vous m’en voyez désolé. Malgré tout, si l’envie vous prend de vous faire un avis par vous-mêmes, la porte est grande et gratuitement ouverte. Peut-être KazuLife évoluera-t-il vers quelque chose de plus catchy. Ou alors décideront-ils de passer directement au prochain jeu.